"Revoir Venise pour la première fois" de Emmanuelle Grivelet-Sonier
Editions L'Harmattan, mai 2014
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=43164
Dans les eaux troubles de cette Venise-là flotte un parfum de jamais vu, de jamais lu. On en a pourtant lu, vu défiler des textes sur cette ville, par centaines, par milliers peut-être.
Editions L'Harmattan, mai 2014
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=43164
Dans les eaux troubles de cette Venise-là flotte un parfum de jamais vu, de jamais lu. On en a pourtant lu, vu défiler des textes sur cette ville, par centaines, par milliers peut-être.
Pourquoi celui-là nous a tant surpris? Par
quel sortilège nous a-t-il fait frissonner à chaque ligne? Ne serait-ce pas
qu'ici enfin Venise n'est pas dans Venise? L'auteure de son propre aveu n'a
jamais mis les pieds dans cette ville, la tenant ainsi à distance de la
première à la dernière ligne, en nous épargnant les vieilles antiennes sur ses
envoutements miraculeux et autres « soupirs », la laissant ainsi
fuir, s'évaporer comme la mémoire de l'être aimé. Car là n’est pas le sujet. Chaque
pont est une bribe de vie envolée dès qu'on l'a franchi. Chaque canal est un
enlisement des souvenirs brouillés de ce Marc-Aurèle, retranscrit dans
l'imaginaire de l'écrivaine, arc-bouté sur des murs qui s'écroulent peu à peu,
inexorablement.
Non Venise n'est pas dans Venise, c'est
l'intime humanité d'une vie qui se dévoile à chaque ligne, qui surgit des
profondeurs des canaux pour finir par s'insinuer dans la fiction d'une
écriture insaisissable, ondoyante, musicale, opératique, comme un oratorio,
comme la confidence presque silencieuse d'un amour perdu et nous restituer un
homme, une femme plus beaux dans l'adoration que tous les Carpaccio et les
Titien rongés au fil des siècles par trop de regards savants.
Il nous faudra du temps pour oublier l'image
de cette femme assise sur un banc aussi blanc qu'imaginaire, place Saint Marc
ou ailleurs, qu'importe, qui voit s'approcher le fantôme, l'ombre de l'être
aimé qui n'est plus.
On pleure de solitude, de sollicitude à
l'égard d'une douleur simplement humaine. On se fiche alors du lieu, de la
somptuosité de ses trésors et de son histoire et l'on se retrouve dans le coeur
d'une femme brisée mais vivante, qui elle survivra, elle et sa musique, elle et
son opéra.
Paul Tabet, Ecrivain et Président de la Fondation Beaumarchais-SACD
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire